Questions courantes :

En quoi la Permaculture est-elle différente de l'Agriculture Biologique ?
L’agriculture biologique est un mode d’agriculture basée sur un cahier des charges, axé autour du respect de l’environnement, du producteur, et du consommateur. Le cahier des charges étant vaste, on retrouve derrière ce terme toute une palette de pratiques différentes : de l’agriculture industrielle mécanisée qui se cantonne au strict minimum pour rentrer dans le cahier des charges, mais aussi des petits paysans passionnés exerçant une véritable agriculture durable et nourricière.

La Permaculture n’est pas un type d’agriculture. Il s’agit d’une approche holistique pluridisciplinaire basée sur des principes et une éthique, ayant pour but de concevoir des écosystèmes productifs et durables. C'est donc par définition une approche « biologique » (même si ce terme ne signifie pas grand-chose vu qu’il ne s’agit que d’un cahier des charges à respecter….).
L'approche permaculturelle est-elle transposable à grande échelle ?
La Permaculture relève d’un courant de pensée axé sur le « Penser global, agir local ». C'est-à-dire que la méthodologie employée est transposable à tous les niveaux et dans tous les domaines, mais le résultat n’en est pas pour autant identique, car c’est une approche holistique qui permet de s’adapter à chaque contexte. Chaque contexte étant unique, chaque conception le sera également.

L'approche permaculturelle est donc pertinente à toutes les échelles, du petit jardin urbain à la plus grande des exploitations agricoles. Dans ce deuxième cas, on visera cependant à recréer une mosaïque de petits systèmes eux-même intégrés dans un système global. On parlera alors d'une "Agriculture de régénération".
La Permaculture (ou l'Agriculture de régénération) deviendra t-elle un jour le modèle agricole dominant ?
C’est une question difficile, car l’agriculture existant aujourd’hui revêt de multiples aspects. Comme cité plus haut, on retrouve une large palette de pratiques, plus ou moins nourricières.

Ce qui est sûr, c’est que l’agriculture chimique, industrielle et mécanisée, n’est pas durable. En détruisant les sols, en étant dépendante du pétrole et de produits de synthèse, en polluant les nappes phréatiques, en détruisant la biodiversité, en empoisonnant le consommateur et le producteur, en n’étant pas rémunératrice, et en produisant des aliments vidés de nutriments, cette agriculture est vouée à l’échec.

Ce n’est qu’une question de temps, et cet échec peut provenir de nombreux facteurs différents : humains (désintérêt du consommateur, changement de pratiques des producteurs …), environnementaux (épuisement et érosion des sols, pénurie d’eau, ravages culturaux liés à des maladies et des ravageurs …), économiques (fin des subventions de la PAC qui maintiennent en vie cette agriculture en la perfusant littéralement, épuisement des ressources pétrolières, effondrement économique …).

Lorsque cette agriculture se sera écroulée, il sera nécessaire, pour nourrir la population, de revenir à une production vivrière, en recréant des espaces nourriciers à proximité immédiate des lieux de vie (comme on le faisait dans l’Etxe il n’y a pas si longtemps en Euskal Herri). Dans ce contexte, la Permaculture offre une approche idéale, permettant de concevoir chaque espace (jardin, square, champs, forêt, montagne …) comme un lieu de production vivrière, tout en intégrant à cette conception la vie sauvage comme indissociable du système. En deux mots : on n’adapte pas le lieu à ce que l’on veut faire, mais au contraire on s’adapte au lieu, avec toutes ses composantes, notamment sa faune et sa flore.
Est-il vrai que les jardins permacoles sont plus productifs que les exploitations agricoles conventionnelles ?
De base, il faut comprendre que plus une surface cultivée est réduite, plus on passe de temps sur chaque cm². Les jardins permacoles étant généralement de taille inférieure aux exploitations conventionnelles, chaque cm² y fait l'objet d'une plus grande attention, ce qui permet d'optimiser la production et de mieux réagir en cas d’imprévu.

A ce principe fondamental s’ajoutent plusieurs notions :

- La culture à l’aide de machines (tracteurs …) est dépendante de leur calibre, contrairement aux cultures manuelles, qui permettront de produire plus sur une même surface, en resserrant au maximum les cultures.

- En Permaculture, on va toujours essayer d’optimiser l’utilisation d’un espace, en lui conférant plusieurs rôles, et en le mettant en interaction avec différents éléments.

Par exemple, un verger, en plus de produire des fruits, pourra accueillir des poules qui profiteront de l’ombre apportée par les arbres, des fruits tombés au sol, et des larves d’insectes nuisibles. Ce faisant, ces poules vont débarrasser les fruitiers de certains de leurs ravageurs tout en les fertilisant par leurs fientes. De plus elles vont réguler l’enherbement en grattant le sol, ce qui évitera d’avoir à passer la tondeuse. Enfin, elles vont fournir elles aussi une production (œufs et viande).

Dans cet exemple, on peut voir que sur un même espace, on n’obtient pas une production (fruits), ni-même deux (fruits et produits des poules) mais bien plus car on bénéficie de toutes les interactions citées plus haut, qui nous évitent d’utiliser des machines, du pétrole, des poisons, des engrais, et nous font économiser du temps et de l’espace. Et encore, je n’ai présenté ici que deux éléments (poules et arbres fruitiers) sur un même espace, mais on peut en mettre bien plus. Dans ce cas, la quantité d’intéractions et de productions est exponentielle. C’est ce que l’on essaie d’obtenir en Permaculture, et c’est pourquoi j’utilise le mot « écosystème » dans ma définition.